Comment faire avec un polytechnicien

Bonjour, voilà que je suis moniteur depuis un an et demi et je fais maintenant face à un cas difficile: les intellectuels au volant.

C'est un jeune homme polytechnicien, tout se passe bien avec lui, il est motivé, sympathique et à l'écoute mais il est à 50h et c'est pas vraiment ça.

Il voit tout en noir et en blanc, il n'y a pas de gris. Au départ il ne comprenait rien à la mécanique d'une voiture, finalement il a bossé dessus un week-end et maintenant c'est lui qui m'apprend des trucs ^^

Mais il est incapable d'analyser une situation de manière non mathématique donc dans le doute il choisit la sécurité mais évidemment sa conduite en prend un coup.

J'ai l'impression qu'il y a un mur entre sa vision du monde et la mienne  mais au moins il a de l'auto-dérision

Les élèves pas doués qui ont de l'auto-dérision, ça m'aide bien dans le métier même si il n'y en a pas beaucoup.

La dernière fois il a essayé de m'expliquer comment se serait de conduire en géométrie hyperbolique, j'ai pas tout compris mais ça a l'air fun.

Apprend lui a deconnecter le pré frontal de temps en temps.
C'est le paradoxe de notre métier. La calcul du risque ne se perçoit pas , il se represente. C'est une construction intellectuelle. Donc ses personnalités
Auront une excellente conduite. Le hic, il est dans l'action ou nous laissons agir notre corp et notre mental en deçà du control conscient (moins de 0,5 seconde).
Notre conscience n'est pas un flux continue, elle se reactualise, et comme les images d'un film que nous voyons nous ne percevons pas les coupures.
Ces personnes se maintiennent dans le controle et la qualité de leur attention ici, pour s' adapter en temps réel à l'action n'est vraiment pas appropriée.
Axer la formation sur le rapport au corp ( voir le site d'un psychomotricien/enseignant), le lâché prise.
Trouver le bon équilibre entre conscience et action est difficile. Plus tu monte le niveau de conscientisation des risque plus la formation prendra de temps pour fluidifier l'action. Etonnement, il arrive que des formations rapides soient plus efficaces pour le permis pour cette raison.
Même pour nous, si nous avions conscience des risques, il n'y aurait bcp moins d'enseignant, et nous serions payé un peu plus. C'est après coup que l'on realise que l'on ai pas passé loin du gars qui grille le feu. Nous avons réagit, bien, nous gardons confiance en nos "radars", et pourtant en y pensant nous prenons des risques.
Ce gars, au fond, il est peut être moins con que nous. Mais La vie c'est aussi prendre des risques.

J'en ai un comme ça. Le gars, il fait science po ou un école sup comme celle ci.

Comme le tien, trop mathématique. 

J'ai réussi à le faire progresser en insistant bien sur la prise d'information à l'avance, le comportement des autres usagers, bien sûr la sécurité. En expliquant bien qu'il n'y a pas de schéma précis en conduite, qu'une équation peut commencer d'une manière et finir d'une autre.

Il a compris et depuis ça va mieux. 

Dans son cas, ce qui a compliqué les choses, c'est que ses parents n'ont pas de voiture, ils n'ont même pas le permis. Du coup, ça facilite encore moins les choses.

L'intellectuellisation est aussi un mecanisme de defence. Face à la peur c'est un refuge.
Il est considéré comme un système négatif. Certain intellectuels le sont par peur de s' adapter.
Pour nous c'est assez difficile.
Même si la formation pregresse bien, le moment de l'examen tout peut s' écrouler.
La conduite supervisée est un grand plus, quand c'est possible.
Les etudiants en medecine que j'ai eu, c'etait le pompon. Pourtant échaudés aux examens, a l'echec, ils etaient dans un très grand stress.
Comme quoi, nos élites, ne sont pas si elites que ça.