Ils vous écoutent?

Je n'en peux plus!!! Je n'ai même pas fini la phrase, il redémarre déjà! Mais comment voulez-vous qu'il apprenne?? Obligée de répéter à une CA quarante fois pendant le deuxième rvp qu'il arrive trop vite dans les virages... Il me balance un "ouais" distrait et il continue!! Vous faites comment? J'ai l'impression qu'ils s'en foutent mais alors complètement des explications... Ils ont que 15, 16, 17 ans et ils se comportent comme s'ils savaient déjà tout. Ça le déprime, je préfère un élève qui a beaucoup de mal mais qui m'écoute. Je me fais chier pendant une heure, mes explications vont sans le vide! Ça démotive, je laisse rouler en freinant moi-même avant chaque virage. Ce n'est pas du boulot, j'ai pas l'habitude de faire de la m...

* ça ME déprime (erreur de frappe)

Je freine très très fort, je les fais presque caler, je dis que je les ramène à l'auto-école s'ils n'écoutent pas, pas de négociations possibles. Puis je me tais. En général, ça les refroidit très très vite...

Ah je suis pas la seule alors...

ah non non tu n'es pas la seule , en parlant aux parents desfois ça va mieux la leçon suivante bizarrement 
et les recalcitrants ben... pas de miracle

Je ne cherche plus de réconfort auprès des parents. Cet aprem j'ai un père qui me sort: "De toute façon je constate chez vous certaines lacunes d'organisation... Les heures ne sont pas marquées dans le livret! Et puis il nous manque des reçus". Le fils a 25 ans et il ne peut pas marquer lui-même ses heures effectuées... Et il perd la moitié des reçus qu'on lui donne. Bon ça arrive, c'est jeune, 25 ans mdr. Mais le père qui a 60 balais! Bref je ne sais pas si c'est le burn-out qui approche mais ça commence à me prendre la tête tout ça... Et le même père qui rajoute: "mais avec moi il conduit très bien, vous pouvez nous suivre en voiture vous verrez". Une réflexion pleine de bon sens... Et on le constate comment, en le suivant, qu'il conduit bien? Puisqu'il n'emboutit pas les autres? Heu laaaaa... Toujours est-il qu'en leçon c'est moi qui freine pour un piéton sur deux.

- Un petit parcours bourré de difficultés, histoire de mettre l'élève face à la réalité de la route,
- une imprimante de compétition, histoire d'imprimer autant de reçus que l'élève en perdra,
- des stylos en pagaille et on marque les leçons simultanément livret-fiche de suivi au début de chaque leçon,
- les parents derrière qui apprécieront un coup de frein tardif mais efficace de notre part,
- pas de blabla durant la leçon, juste un silence religieux avec juste ce qu'il faut de remarques très  professionnelles et justifiées,
- rajouter un peu de textes de lois pour les parents vivant encore dans les seventies', histoire de les mettre à jour,
- ne pas discutailler avec les parents sur leur progéniture si exceptionnellement sécuritaire sur la route du haut de leur 25 (ou 18) ans, nous sommes les professionnels, pas eux... et si ça suffit pas, on peut faire venir un ipcsr (l'inspecteur pour les profanes) dans la voiture, histoire de fermer la gueule clore toute discussion non-objective...

Et on sourit en appliquant tout ça !

Fait, fait, déjà fait. Je dois revoir ma façon de faire, apparemment je peine à convaincre. Je dois réaliser que tout le monde n'est pas comme moi. Si le prof de mon fils me dit qu'il ne travaille assez je ne m'en prendrai qu'à mon fils. Jamais je ne remettrai en question l'avis du prof. Pourtant j'ai que quarante ans, mais ça foit être une vieille école. Ça me choque, ça me blesse quand les parents ne me prennent pas au sérieux. Ils ont pourtant l'air d'être d'accord qu'on a failli tuer le piéton. Mais ils restent quand-même sur l'idée que c'est le "stress" ou un "manque de confiance"...

Avec des élèves comme ça en RVP il faut bien marquer ton tes interventions (oralement) des fois que les parents pensent que c'est leur chérubin qui a freiner.
Comme Nina, je pense qu'avec ce genre de parents il faut rester sûre de toi et montrer que c'est toi la professionnelle.
La majorité des parents nous font confiance, d'autres sont dubitatifs ou sortent des énormités ... dans le genre :
Une élève en 2ème RVP avec quasiment aucun contrôle d'angle mort ! Après plusieurs remarques le père derrière intervient :
"De toutes façons, le contrôle des angles morts cela ne sert plus à rien maintenant, avec les nouveaux rétroviseurs panoramiques ...?!!"  
Dans ces cas là il va falloir recadrer sec ...

C'est clair que quand on entend de la part des parents : "de toute façon 20 heures c'est suffisant, après le moniteur rajoute des heures à la tête du client pour gangner plus !" Bon bah là on a envie de dire que au bout de 20h il peut se barrer passer l'exam en candidat libre. Mais je préfère démontrer qu'une auto-école avec salarié est plus rentable avec des élèves qui font peu d'heures.

Sinon, à la fin du RVP, je demande à l'élève puis aux parents si c'est sa conduite habituelle. S'il me sortent que c'est à cause du "stress" je leur dit que le jour où leur enfant rentrera dans un autre usager, je penses que ce dernier va franchement rien en avoir à faire de cette excuse.

J'ai une élève en CS, pareil : le père : "y'a qu'avec vous que ça ne va pas, avec moi elle conduit bien" "elle doit passer l'examen car elle est "prête". 
Je lui ai expliquer qu'avec un tel raisonnement je coules la boite où je travailles et que je ne voyais pas pourquoi sa fille passerait avant des élèves qui eux répondent à nos attentes. 
Il a fait la tronche quand je lui ai proposer de signer un papier disant qu'il passait sa fille contre avis du moniteur et que cela entrainerait une rupture de contrat à la suite de l'exam. 
Ca fait 6 mois qu'il attend, là on la passe en Août, j'espère pour la sécurité routière qu'elle ne l'aura pas, ensuite elle part un an à l'étranger.

Par contre, c'est clair, comme l'a fait comprendre nina, il faut être très carré dans tout, même l'administratif. Car, ces parents qui vous prennent de haut ou qui savent mieux que vous ne vous laisseront rien passer.

Dernière chose, en général quand ils me font des réflexions pourries (élèves ou parents) j'aime bien répondre par une question. Du genre : "vous avez été inspecteur à quelle période ?" mais là c'est quand ils me gavent. 
Le mieux c'est quand un conducteur fait la même erreur qu'eux et qu'ils ralent. Je leur dis : "c'est dangereux hein" ou "il ne sait pas conduire celui là, tu ne trouves pas" puis après qu'il est acquiessé : "bah t'as fait la même chose tout à l'heure, donc tu dis que tu ne sais pas conduire ?"

Alala. Cette phrase qui tue: "Y a qu'avec vous que ça va pas". Sinon oui c'est clair, il faut être clean côté papiers, car bizarrement ce sont ceux dont le gamin rame qui trouvent toujours à quoi s'accrocher côté administratif. Et, comme par hasard, je n'arrive pas à mettre la main sur son contrat. On travaille trop, trop de voiture, on zappe souvent l'administratif.

La tête dans le guidon, pas le temps de prendre du recul, on manque de repos, de breaks pour faire le vide et repartir au mieux 😕

Exactement. Je me souviens, avant de me mettre à mon compte, fallait passer la capacité de gestion. La formatrice nous disait: "C'est pas en enchaînant les heures que vous allez gagner plus. Enfin, pas que. Descendez de la bagnole, posez-vous, réfléchissez, organisez-vous autrement". Elle avait raison. Ça fait trois semaines que j'ai sur mon bureau la simulation d'une nouvelle formule de location, il faudrait se poser, comparer avec mon contrat actuel... Pas le temps, et quand y a le temps, pas le courage. Il est 21h j'ai fini ma conduite, j'ai l'impression d'héberger tous les "cas" de la ville, tout ce que je veux c'est rentrer chez moi et oublier un peu tout ça.

Ma dernière leçon de ce soir. Élève avec 40h de formation:
- T'as vu le mur??
- Oui.
- Pourquoi t'as pas freiné?!
- Je sais pas.

Bon, je vais y aller...

Bsr

Nina, j'aime bien le truc "si tu m'écoutes pas, on rentre"
Faudra que j'y pense.

Moi je leur dit "Bah tu veux pas m'écouter, ben comme tu veux mais quand c'est l'inspecteur qui va te le dire, tu verras, ça va faire tout drôle sur la note et faudra pas venir te plaindre" avec un ton aigü et bien marquant.
Ca ne marche pas à tous les coups mais ça marche plus souvent que je ne l'aurais cru.

Je crois que de tous ceux qui n'écoutent pas, ceux que je supporte le moins sont ceux qui consultent leur téléphone portable lorsque je fais le bilan final. Ca arrive pas souvent et de toute façon, je les remets tout de suite à leur place. Mais ceux qui le font, j'ai envie de leur faire bouffer leur téléphone ou de le jeter par la fenêtre.

Y en a aussi qui commencent à bailler voire vouloir descendre pendant le bilan... Ah c'est pas très ludique un bilan!

OLY a écrit:Je crois que de tous ceux qui n'écoutent pas, ceux que je supporte le moins sont ceux qui consultent leur téléphone portable lorsque je fais le bilan final. Ca arrive pas souvent et de toute façon, je les remets tout de suite à leur place. Mais ceux qui le font, j'ai envie de leur faire bouffer leur téléphone ou de le jeter par la fenêtre.

J'ai eu le cas une fois, j'ai sorti aussi sec MON portable, j'ai commencé à consulter mes sms, l'autre m'a regardé puis dit "j'écoute, t'inquiète", j'ai répondu "j'ai plus rien à te dire aujourd'hui, tu peux sortir de ma voiture"... Les leçons d'après, nickel !


LOU
Y en a aussi qui commencent à bailler voire vouloir descendre pendant le bilan... Ah c'est pas très ludique un bilan!

Aussi vécu ! Moi "Je te gonfle ? T'es trop fatigué pour m'écouter ? Ok, ben au revoir !" et je suis sortie de la voiture sans lui laisser le temps de moufter...


Parfois, j'ai l'impression que c'est la dictature, mais purée, ça fonctionne bien, donc mission remplie.

Pour les parents, je leur rappelle que dans le contrat qu'ils ont signé avec l'AE, c'est écrit grosso modo que "Les enseignants mettront tous les moyens en œuvre pour atteindre les objectifs (obtention de l'ETG et du permis) et qu'ils sont les seuls habilités à juger le niveau atteint par l'élève pour le présenter aux examens ou à le libérer en AAC ou CS. Dans un cadre légal, on peut aussi faire appel à un inspecteur pour évaluer les compétences du moniteur mais également le niveau de l'élève."
Prends ça et cogite !

Excellent, Nina merci je prends note

Bonjour à tous,
J'ai bien fait de venir...    J'ai adoré vous lire.
Me suis retrouvée sur pas mal d'anecdotes.
Au début de ma carrière, je n'osais pas taper dans le frein avec les barges. Je m'arrêtais, j'expliquais, j'étais patiente. Très très patiente. Sans en avoir conscience, que j'étais plus tolérante que mes collègues. Je trouvais ça normal. Et quand ça commençait à bien faire, 5 - 7 heures d'explis, de dessins, et de démos , je commençais à m'exciter.
C'était tout à fait crétin.
Parce que du coup, la gentille, patiente et conciliante mono devenait exécrable et gueulante.
(je haussais la voix, mais comme ils n'avaient pas l'habitude, ils disaient "elle crie"... ).

Et un jour, une collègue dont la réputation était d'être posée, calme... tape dans le frein alors que son élève s'apprêtait à franchir un feu orange mûr (je précise). J'étais en leçon, juste derrière elle. Et j'avoue que je me suis fait surprendre par sa façon de faire. Les distances étaient OK ; il n'y avait donc pas de soucis. Mais je n'aurai jamais imaginé qu'elle puisse secouer un élève comme ça.  Elle savait ce qu'elle faisait.
Et... J'ai jamais entendu l'élève dire que la mono n'était pas sympa. Ou qu'elle osait le secouer. Rien.
J'ai finit par avoir le déclic. On peut être stricte, se faire respecter et ne pas attendre d'atteindre ses limites.
Je ne les atteint plus. J'agis bien avant.

Je ne suis plus aussi sympa qu'au début. Perso, je me trouve même peau de vache parfois, mais avec le sourire en prime. Donc je fais moins l'éponge et donc... je n'atteins plus le seuil d'intolérance. (je ne sais pas si je me fais comprendre).

J'ai compris que d'être sympa un moment et de tirer un trait après, c'est pas la bonne méthode.
Pour ceux qui se croient malin, je les secoue plus, dès le début, avec le sourire et le vouvoiement.
Parfois, j'ai l'impression d'user de la mesquinerie. (j'avoue suis parfois limite). Mais c'est soit eux, soit moi. Et finis de me faire remonter les bretelles par le patron parce que le pauv fiston à son papa est venu se plaindre de la méchante monitrice qui crie.  
Et je les charrie gentiment (limite cynique) et je leur dis "ouiiii, je sais, je charrie, mais c'est toujours gentil et tu peux en faire de même :-). Au contraire, j'adore qu'on me charrie aussi".

J'ai une ligne de conduite : je m'arrange pour faire sourire voire rire l'élève au moins 1 fois par heure (c'est débile, mais ça marche) et en contre partie, il fait ce que je lui dis.

Je préfère de loin aussi les difficiles. La plupart (on est d'accord... pas tous) se rendent compte de leur difficultés et se donnent les moyens pour progresser.
Je déteste les kékés. Ils me détestent aussi (mdrrrr). Maiiiis, ils ne peuvent plus rien contre moi parce que je ne m'énerve plus.

La méthode "on rentre" : EXCELLENTE IDEE. je prends.

Quand un élève me gonfle parce que j'ai l'impression que je crache dans le bénitier pour rien depuis 2-3 heures, à la 4ème je lui fais passer une éval des acquis. (je me repose).
Je sors ma grille d'évaluation : méca, perception, contrôles, allure, placement, autres.... avec les 2 colonnes positif/négatif et je l'évalue.
Je lui annonce clairement l'objectif de l'heure. Lui explique ma grille d'évaluation (que j'adapte en fonction des compétences à avoir), lui explique que si j'écris ça peut être + ou - , que ce n'est pas la peine de psychoter sur ce que j'écris parce que ça peut-être tout aussi bien en positif que moins positif, et lui laisse parfois 10 min d'échauffement et après, évaluation pure. Généralement par 15-17 min et petit débrif de 2 min.   
ça marque.
A la fin de l'heure, l'élève fait son propre bilan que nous comparons avec le mien.
L'élève ne peut contredire les observations.

ça ne sert à rien de lui bourrer le cerveau au cours d'une heure. Ou de se taire parce que perso on sature.

L'auto éval le responsabilise.

Et... ne pas hésiter à faire des arrêts pédago.
J'avoue, j'oublie aussi. La tête dans le guidon.
Mais faut se forcer à y penser. C'est très utile (pour lui et pour nous) et surtout, sortir de la voiture permet de sortir du contexte où peuvent monter des pressions. Et l'élève et le mono se retrouvent sur un terrain neutre.

C'est ce que j'aime dans ce métier... on n'a jamais finit d'apprendre :-)

Coucou HiTi, et merci pour ta réponse. Je la copie, l'imprime, et me la mets sous le pif, sur mon bureau. J'ai treize ans d'expérience mais je crois que je ne suis pas aussi bonne que toi. Mine de rien, c'est extrêmement dur d'être "gentille" mais très ferme. J'y arrive, mais pas du tout avec tous les élèves. Je sens bien que j'oscille entre trop de "gentillesse" et trop de sévérité (comme toi au début. Sauf que moi c'est plus le début depuis longtemps, et je devrais grandir un peu moi-même). C'est trop subtil cet équilibre. Celui qui le trouve a tout compris. Je dois continuer à bosser...

Mener jusqu'au bout un élève trop pas doué mais "gentil", c'est facile. Je suis cap de répéter et répéter, et reformuler, et dessiner, et inventer des jeux, des exercices et des comparaisons improbables. Y a pas beaucoup de mérite à ça je crois. Mais mener jusqu'au bout (et sans que ça clache!) en élève "mauvais garçon", ou un élève susceptible, ou un élève-branleur, alors là j'ai trop de mal. Je dois avoir un souci avec l'autorité. Je deviens mauvaise.

Coucou Lou
J'ai copié-collé :
"J'ai treize ans d'expérience mais je crois que je ne suis pas aussi bonne que toi. Mine de rien, c'est extrêmement dur d'être "gentille" mais très ferme. J'y arrive, mais pas du tout avec tous les élèves."

Je t'arrête sur la première phrase qui me gêne beaucoup : "pas aussi bonne que toi" : je suis désolée de t'avoir donné cette sensation. Moi, ça me semble faux.
Déjà, tu t'interroges beaucoup : c'est génial. Le début au changement. Tu te remets en question, et fais ainsi preuve d'une grande intelligence du cœur. T'es un exemple.

Je suis de loin tjs aussi juste ac tous les élèves (comme toi) et je n'y arrive probablement pas à toutes les heures. D'ailleurs, ça me semble impossible. En tout cas, à mon niveau ;-)
Y en a peut-être qui affirmeront qu'ils gèrent tout le temps... Et je suis désolée si j'ai fait passer ce message. Je n'y arrive pas non plus à 100% MAIIIIIS, j'essaie.
A force de m'être fait remonter les bretelles par mon employeur (l'élève a tjs raison... et comme je ne manque pas de caractère, ce que dit le pauvre élève est forcément vrai) ;  d'être privée de prime de fin d'année ; d'être creuvée en fin de journée (en ayant l'impression de ne pas avoir changé la face du monde ou même l'attitude d'un élève qui ne veut pas (ou ne peut simplement pas) comprendre et de voir que d'autres monos, en se "défonçant" moins, sont plus appréciés...
A un moment donné tu réfléchis.
J'ai fait un travail sur moi (me suis fait aider). Et auj je pense plus à moi.
Dès que je sens monter la tension en voiture : j'ai comme un voyant rouge dans la tête qui s'allume "faut faire un arrêt pédago". Et même, j'en profite pour faire des vérifs.
JE NE LAISSE PLUS AUCUNE CHANCE A UN ELEVE DE ME FAIRE PASSER POUR LA MECHANTE ET LUI LA VICTIME.
Je ne suis pas plus bonne ou moins bonne que qq'un d'autre pour ça.
C'était juste : soit tu changes, soit on finit par te virer pour faute, soit tu ne tiendras pas 10 ans dans ce métier.
Et pourtant, je suis sûre qu'auj encore je le fais avec plus de plaisir que qq collègues. Mais je m'oubliais... et il ne faut surtout pas. (ça n'en vaut pas le prix).
En résumé : faire sourire et même rire 1x/heure l'élève (parfois avec des blagues à deux balles, ça marche ;-)), parler avec une voix posée et pas forte (dès que je lève la voix, j'ai le signal d'alarme dans la tête... avant, je ne m'en rendais pas compte, j'étais dans mon truc), faire des évals pures, faire des arrêts pédagos (et vérifs s'il faut prendre du temps pour se recentrer).
C'est ma recette - pour l'instant ça marche (depuis mars 2014). (et pourvu que ça dure ;-)).
Ma réputation a changé. Avant c'était : sévère et crie   Aujourd'hui c'est : exigeante, voire sévère mais explique bien.
J'ai tjs peur de "retomber" dans mes travers ; c'est peut-être ça qui fait que je reste vigilante.
Et j'aurai peut-être tjs l'un ou l'autre qui ne supportera pas ma pédago. Mais y en a bien moins.
Bon courage à toi,
Et bonne journée :-).

Lou a écrit:Coucou HiTi, et merci pour ta réponse. Je la copie, l'imprime, et me la mets sous le pif, sur mon bureau. J'ai treize ans d'expérience mais je crois que je ne suis pas aussi bonne que toi. Mine de rien, c'est extrêmement dur d'être "gentille" mais très ferme. J'y arrive, mais pas du tout avec tous les élèves. Je sens bien que j'oscille entre trop de "gentillesse" et trop de sévérité (comme toi au début. Sauf que moi c'est plus le début depuis longtemps, et je devrais grandir un peu moi-même). C'est trop subtil cet équilibre. Celui qui le trouve a tout compris. Je dois continuer à bosser...

Lorsque j'ai commencé dans le métier, mon BAFM m'avait prévenue en disant que je serai une petite maman trèèès empathique avec mes élèves, cherchant à faire plaisir, à valoriser, à guider au point de me perdre.
Était-il voyant ? non. Juste clairvoyant dans son observation de mes "compétences" de Bepecaser en devenir.
Il m'a également dit que j'allais y laisser mes nerfs si je persiste dans cette voie...
C'est normal qu'un moniteur débutant cherche à appliquer ce qu'on lui a appris, il faut savoir être sympathique voir hilarant, tout en maintenant une forme de fermeté (par ma voix, mon attitude, mes mots, etc)

Durant deux ans environ, j'ai persisté à croire que les croquis, les douceurs, les encouragements, la psychologie et l'empathie seraient mes meilleurs alliés... Bah non !!!

Résultat :

Bonjour les nerfs, la frustration intérieure de ne pas avoir dit franchement les choses, les pensées H 24 genre "comment je vais faire avec untel pour qu'il progresse"(alors que c'est pas moi qui doit chercher une solution hein !), l'épuisement psychologique et physique.

Depuis, gros travail sur moi-même puis action !

"Moi, je l'ai mon permis, et toi, pourquoi t'es là ?"

"Tu dois essayer vraiment de faire ce que je te demande, mets du sens dans ce que tu fais"

"Je suis pas ta maman, essayes l'autonomie, c'est pour ça que t'es là"

"T'es fatigué ? t'as des problèmes ? ben moi aussi, pourtant je te donne 100% de ce que dois t'apprendre, on rentre, j'expliquerai à tes parents que t'en peux plus..."

"On peut arrêter la leçon et rentrer, tu as le droit de baisser les bras et de te dire que tu n'en peux plus, mais quand tu seras seul en voiture plus tard, comment tu vas faire ?"

(Aux parents) "Vous sentez-vous capable d'endurer et de survivre aux erreurs que votre enfant vient de commettre sur la route ? je vous rappelle que vous n'avez pas de double-commandes..."
ou bien "Votre fils-fille peut se permettre de faire des erreurs sur la route puisque vous le pensez ainsi, mais ma mission de sécurité routière prévoit de ne pas "créer" de conducteur dangereux pour les autres, je pense aux autres également. C'est pas une histoire de points sur le permis ni d'amendes, juste la vie avant tout"

Tout cela peut paraitre très gonflant ou pompeux aux yeux de certains mais ça marche pour moi, je ne laisse plus mes nerfs au boulot, je ne suis plus empathique mais un Dark Vador sympathique... parfois....

Finalement on grandit soi-même en apprenant à enseigner, nan?

Et tu sais HiTi, j'y ai déjà pensé à aller voir un psy moi-même. J'ai le sentiment d'un très grand besoin de reconnaissance, et c'est pour ça que j'ai autant de mal avec les élèves hautains ou distants ou j'en-foutistes. C'est débile ce que je dis certes mais je crois que c'est ça. Je comprends (avec horreur) que je fais ce métier (entre autre!) pour me sentir utile, indispensable même, et quand ça ne va pas dans ce sens, je m'emballe. Aïe.