Au secours ! peur d'un homicide accidentel en A...

Voilà, j'ai récupéré une élève qui n'a pas de permis B et qui n'avait aucune notion de conduite d'un quelconque engin et aucun sens de l'observation de la circulation.

Elle a été mise sur le gros cube trop tôt à mon goût mais on m'a bien fait comprendre que je ne devais pas revenir sur les décisions de mon collègue plus expérimenté. 
Donc dans sa tête plus question de reprendre la 125 !

Sur le plateau elle a montré qu'elle avait acquis les bases pour être autonome c'est à dire prendre la moto seule pour aller au plateau. Le problème c'est qu'on part de Paris, les cours sont par tranche de 4h, on passe par les quais, le périph, l'autoroute, etc, sans remonter les files on peut mettre 2h aller/retour. Avant sa première sortie je l'avais pris dans la voiture en écoute pédago lors d'un cours de circu. 

La première sortie où elle me suivait en quinconce avec un autre élève derrière elle, fût une catastrophe (impossible de stabiliser l'allure, conduite accordéon avec risques de collisions avant quand elle freine trop tard et arrière quand elle freine au feu vert, écarts de trajectoire vers les poids lourds et les glissières de sécurité, etc...) Malgré mes interventions anticipées via la radio, elle perd ses moyens sur route ouverte. On a bien sûr reparlé de toutes les situations délicates dans lesquelles elle s'est fourrée par la suite.

Deuxième sortie, du mieux mais je l'ai encore vu mourir plusieurs fois.

Au retour à l'auto école, on a fait le point, je lui ai dis que ça ne pouvait plus durer et qu'elle était trop exposée au risque, l'apprentissage ne peut plus se faire en sécurité dans ces conditions (ça n'a jamais été le cas d'ailleurs), Paris intramuros est trop dangereux pour elle et lui reviendra trop cher en plus. Je lui propose plusieurs solutions :
- laisser de côté la moto le temps de passer le permis B
- trouver une moto école qui donne rendez vous directement au plateau
- un miracle pour être opérationnelle au prochain cours

Voici ce qu'elle m'a répondu selon mes propositions :
- la voiture ça m'intéresse pas et j'en aurais pas besoin
- je perdrais trop de temps et d'argent dans les transports pour aller au plateau
- je débute, c'est normal que je ne sache pas tout faire

J'en ai parlé sérieusement avec mon patron, directeur pédago moto, et depuis pas de nouvelles. Elle continue les cours avec mon collègue qui me dit que c'est une cata, tout le monde fait comme si de rien était et j'ai cours avec elle la semaine prochaine.

Je suis consciente que la moto c'est dangereux et que je ne pourrais pas protéger tous mes élèves et que même un élève doué peut faire une grosse boulette n'importe quand mais là ça sens trop l'accident et je me sentirais coupable parce que c'est gros comme le nez au milieu de la figure.

Quels sont mes droits, puis je être impliquée juridiquement en cas d'accident, et surtout aurais je la conscience tranquille après le drame ?
Que feriez vous ?

Une élève de ce niveau il est grandement préférable de ne pas la faire conduire dans une circulation sur route ouverte.  
Ton patron manque de lucidité, son attitude me parait totalement irresponsable, encore un qui ne voit que son tiroir caisse et que la sécurité routière lui passe au dessus de la tête....

Tu as un droit de retrait, c'est la solution ultime , car la réaction de ton patron  risque d'être folklo.....
Tu peux lui demander de te donner l'ordre de continuer la formation de cette élève avec la conduite sur route ouverte à la circulation par écrit. ou bien lui signifier ton désaccord par lettre RC , en cas d'accident ta responsabilité ne sera pas engager.

C'est vrai que je suis déçue de l'absence de réaction de sa part, après il a d'autres chats à fouetter mais alors qu'il me fasse confiance. Peut-être qu'il croit que j'exagère. Je vais rédiger un petit courrier quand même, t'as raison, quitte à passer pour une chieuse, rien à foutre je ne veux pas de morts sur la conscience. 
J'espère qu'il n'a pas le droit de me destituer de mon poste pour ça, du genre "comment faisaient les anciens moniteurs, t'as voulu faire du A, tu vois ce que c'est..."

au bout d'un moment , faut être lucide! si vraiment elle se met en grand danger à chaque fois qu'elle est en circu, dis lui stop! c'est ton rôle d'enseignant de lui faire prendre conscience des risques, surtout en bécane! adapte ton discours, ne la brusque pas, ne lui dis pas qu'elle est nulle ou autre remarque blessante (je suppose que c'est déjà fait). Quitte à être un peu "paternaliste", dis lui que tu tiens à sa vie autant qu'à la tienne, et qu'il faut en discuter, savoir d’où vient le problème (phobie de la circulation, manque de confiance en soi, savoir faire à améliorer etc...). A ta place, je lui dirai que je m'en voudrai toute ma vie si il lui arrive quoi que ce soit et que je ne veux prendre aucun risque! si malgré tout, elle refuse le dialogue et veut continuer la circu, dis lui que tu ne cautionne pas et que ses prochaines leçons se feront avec un de tes collègues. 
N'aies pas peur d'en reparler à ton boss, s'il n'entend pas raison, fait le flipper en lui disant "qu'est-ce qu'on fera si elle se blesse ou se tue en leçon ? on ne pourra pas s'en sortir! entre l'assurance, la responsabilité pénale, et l'image de l'auto école!"
et s'il s’entête à vouloir lui laisser le guidon, refuse de lui faire ses séances, tout en restant poli, et dis lui que tu lui enverra un courrier (ca passera mieux si tu l'annonce avant).

Une de mes règles d'or c'est de ne jamais dire à un élève qu'il est nul. D'ailleurs un élève nul pour moi c'est quelqu'un qui refuse d'apprendre, qui sait tout, pas quelqu'un qui a des difficultés. Je sais bien qu'elle ne fait pas exprès et je lui ai parlé comme à une soeur ou une amie, je lui ai dis que je préférais perdre une cliente qui se dirige vers une moto école plus adaptée que de perdre une élève sur la route. Je crois qu'elle se voile la face malgré tout. 
Quant à mon patron je lui ai déjà parlé des risques et de la réputation de l'école après, sur le moment il m'a dit qu'il allait l'appeler mais il n'a soit disant pas réussi à la joindre et après plus de nouvelles...
J'ai mis tout ça par écrit et je vais lui envoyé en RAR, je n'arrête pas d'y penser, ça me bouffe du temps donc c'est décidé, je ne la reprendrais pas en circulation et personne me m'y forcera.
Merci de vos conseils qui me rassurent.

Situation pas facile et je compatis, car j'aurais la même réaction que toi.

Perso, j'aurais deux démarches :

1- discuter avec l'élève pour la convaincre de repasser en 125.
Si c'est pour circuler dans Paris intra muros sur des trajets utilitaires domicile-travail, la moto 125 est amplement suffisante, pas besoin de gros cube.
Si elle s'accroche et refuse de se remettre en question, j'exerce mon droit de retrait, je lui explique clairement et fermement qu'elle va avoir un accident, que j'en serais jugé responsable en tant que formateur professionnel en exercice, et donc que je la refuse en cours. Point barre.

2- Si l'élève demande à la direction d'intervenir et que l'exploitant m'oblige à la prendre en cours, je préviens ce dernier que je vais lui demander par écrit en LRAR de me dégager de mon obligation de moyens sur la sécurité de mes élèves et d'assumer cette responsabilité.

C'est sûr que ça va créer une tension, mais tu ne peux pas te faire licencier pour ça.
En théorie. Dans les faits, il peut le faire, tu le colles aux prud'hommes, tu gagneras, mais dans trois ans au mieux, plutôt quatre avec l'appel...

Je sais de quoi je parle, j'attends pour début mars la décision de la cour d'appel concernant un licenciement abusif, plus de trois ans après les faits.

PS : parle-lui de Zebra, ils ont des navettes gratuites qui partent de Paris IM vers le plateau sur le circuit Carole à Tremblay.
Elle perdra du temps, mais pas d'argent.
Après, si elle est assez conne pour préférer risquer un accident grave à la perte de quelques heures de son précieux temps, tu ne peux plus rien pour elle.

déjà vécu un truc similaire mais à la campagne et quand même moins grave

je vois que 3 possibilités :
1) elle est passagère sur route ouverte
2) tu l’emmène en voiture et les motos sont partagées sur le plateau (pas possibilité de laisser une moto sur le plateau ? )
3) elle change d'auto-école

un 4ième bonus elle fait le AM et conduit un peu en 50 (fait avec un élève en B un peu difficile et avec peu de moyen)

Moi je donnerai ma démission
Compliqué de travailler proprement avec un patron qui se fout de la sécurité de ses élèves.

Mais bon, sans en arriver à ces extrémités, il aurai fallu laisser la voiture à un autre élève qui a le permis B (évidemment ...) et qui suit le groupe pour aller jusqu'à la piste, pour prendre toi même la moto et cette élève comme passagère. Et tu n'as plus qu'à lui faire de la conduite commentée. En étant équipés de micro-oreillettes c'est forcément mieux. Ça lui permettrait d'appréhender la circulation mais avec la vision plus "extérieure" qu'a un passager, avec l'avantage de ne pas avoir à se concentrer en même temps sur les commandes et la gestion de la moto. Donc davantage de concentration ciblée sur ce qu'il se passe autour, sur ton placement, ce que tu fais ect.

Évidemment ça suppose qu'un des autres élèves accepte de ne pas faire le chemin en moto, et donc de ne pas lui faire payer les 4h complètes. Mais là encore c'est ton patron qui risque de t'en empêcher, puisque ça touchera directement son porte monnaie.

Ce qui est sûr c'est que je ne prendrai aucun risque. Comme tu l'as dit en cas de "drame" c'est toi qui va prendre. D'autant que de la terroriser d'entrée de jeu en lui faisant risquer sa vie en pleine circulation, tu risques de créer un gros blocage qui rallongera et compliquera d'autant plus sa formation.

Dans tous les cas je te souhaite bien du courage, t'as posté y'a 2 semaines, tu t'en es peut être sortie depuis

semoule a écrit:il aurai fallu laisser la voiture à un autre élève qui a le permis B (évidemment ...) et qui suit le groupe pour aller jusqu'à la piste.

J'ai quand même le privilège d'avoir accès à une vrai piste privée où tous les cônes restent en place, par contre on doit venir forcément en moto, la seule fois que j'ai pris la voiture c'était pour protéger l'élève et m'éviter de prendre des risques moi même. 
D'ailleurs je ne sais pas si j'aurais confiance à laisser la voiture à un élève, le parcours est tellement compliqué avec des gens agressifs, et encore je choisi les intersections les plus simples et l'entrée du périph la plus facile...

Finalement, mon patron m'a dis de faire comme je voulais, entre temps l'élève en question a progressé durant les 10 heures avec mon collègue, du coup je lui ai laissé une seconde chance de faire ses preuves, ça va beaucoup mieux mais la prochaine fois je passerai par la ville car elle a encore du mal avec la vitesse. Le convoi exceptionnel sur autoroute à 70 au lieu de 110, c'est pas mon truc. 
Elle a trouvé le moyen de se plaindre car j'ai décidé d'attendre le troisième élève en retard, alors que les autres ne disent rien quand on met 1h avec elle au lieu de 35 min (pour les meilleurs) pour aller au plateau, les autres n'ont pas râlé quand elle a fait prendre des risques à tout le groupe (en freinant au feu vert ou en laissant tomber sa moto en démarrant en côte,etc ), moi même, j'ai du passer 3 heures gratuites entre l'écoute pédago en véhicule et les moments où j'essayais de la raisonner...

Pas un merci, sa dernière phrase :"de toute façon, je ne veux pas devenir une pilote", je lui ai répondu que tout ce que l'on travail ici représente simplement les bases nécessaire à la survie en moto.

Enfin c'est bien connu, c'est toujours ceux qui ont du mal qui se plaignent le plus.

Je me fiche des chocolats et du champagne, ce que je veux en remerciement c'est voir des jeunes permis capables de rouler en sécurité, c'est pour ça que je me lève tous les matins mais faut que j'arrête de rêver, d'ailleurs mes collègues me prennent pour une extraterrestre et me disent que je m'investi trop, eux n'ont pas du tout la même motivation...

'ai du passer 3 heures gratuites entre l'écoute pédago en véhicule et les moments où j'essayais de la raisonner... a écrit:
Pas un merci, sa dernière phrase :"de toute façon, je ne veux pas devenir une pilote", je lui ai répondu que tout ce que l'on travail ici représente simplement les bases nécessaire à la survie en moto.

Enfin c'est bien connu, c'est toujours ceux qui ont du mal qui se plaignent le plus.

Je me fiche des chocolats et du champagne, ce que je veux en remerciement c'est voir des jeunes permis capables de rouler en sécurité, c'est pour ça que je me lève tous les matins mais faut que j'arrête de rêver, d'ailleurs mes collègues me prennent pour une extraterrestre et me disent que je m'investi trop, eux n'ont pas du tout la même motivation...

 Ah tiens toi aussi, bienvenue amie extraterrestre, je ne suis ps monitrice moto, mais ce qui m"intéresse moi aussi c"est leur sécurité sur la route .

Moi je crois que tu as raison de t"investir et de rever.  ''I have a dream....''

éva a écrit:Je me fiche des chocolats et du champagne, ce que je veux en remerciement c'est voir des jeunes permis capables de rouler en sécurité, c'est pour ça que je me lève tous les matins mais faut que j'arrête de rêver, d'ailleurs mes collègues me prennent pour une extraterrestre et me disent que je m'investi trop, eux n'ont pas du tout la même motivation...

Courage !
Tiens bon et garde ta motivation, c'est grâce à des gens comme nous que nous parviendrons à améliorer lentement les choses, aussi bien pour la sécurité routière des motards que pour l'image de la profession et la qualité de notre travail.

Au fait, tu n'es pas formatrice à la Casim ?

Ch'motard a écrit:Courage !

Merci !

La fille a fini ses cours avec un autre mono et a eu son plateau du premier coup, le plus dur est passé mais elle fait encore parti des personnes les plus exposées. 
En cours de circulation, il faudrait qu'elle soit seule, je suis obligée de brider celui de devant, c'est toujours dangereux, évidemment demander au secrétariat  des cours particuliers pour une élève en difficulté est impensable, pas assez rentable... 

Cette bande de chiens l'avait appelé dans mon dos pour lui proposer une date de circu avec seulement 4 heures de cours de circulation juste avant, ils préfèrent envoyer une motarde au casse pipe plutôt que de perdre une place . Alors que j'avais préconisé minimum 20 heures. Heureusement elle a refusé mais elle a quand même accepté une autre date avec 13h de cours sans savoir si elle sera au niveau... 

Pour la Casim, grâce à toi j'ai pu y travailler, par contre avec mes horaires ça commençait à être dure et j'avoue avoir été un peu frustrée, beaucoup trop d'élèves se plaignaient d'attendre plus que de pratiquer par manque d'espace. Je rêve de la même ambiance en petit comité.

Courage Eva, j'aurais bien voulu tomber sur une enseignante moto comme toi !
Malheureusement je crois que tu peux rien faire, mais tu peux toujours parler avec cette élève et lui exposer les risques en circulation surtout en moto ... dommage qu'elle n'ait pas le B du coup elle ne pourra jamais se mettre à la place d'un autre usager.