Elle passe permis par nécessité mais pas son truc la voiture

J'ai une élève ( 19 ans ) , qui passe le permis par nécessité ( plus de parent 1 frère avec qui elle habite et une tante comme tuteur mais qui ne peut pas la trimbaler partout) . Et cette jeune fille semble aimer le 30km/h en agglo et le 60km/h maxi hors . Elle me dit : sinon je n'arrive pas à gerer les " indices " et je n'arrive pas à evaluer les vitesses des autres . Elle est très sympa et sensée . Je l'ai eu une heure ; je la revois cette semaine 2X1heure : que me conseillerai vous de faire pour trouver une solution et la faire progresser . ( elle a 11H00 de conduite avec mon boss , qui est en vacances , et moi pour rappel nouvelle enseignante depuis 2 mois ) . J'aimerais TROUVER UNE SOLUTION A SON PROBLEME SANS LA FAIRE FLIPPER .

La question de la motivation est quelque chose de vraiment très important dans une formation et il vaudrait mieux qu'elle ait plaiisir à conduire. Mais "par nécessité" ne signifie pas qu'elle n'ait pas du plaisir à apprendre : le soulagement de pouvoir être mobile, partir en vacances....
Certains élèves ont si bien intégré le risque routier qu'ils "flippent à mort" (sans jeu de mot !). En ce qui concerne une femme ayant charge de famille ou même des jeunes ayant fait du babysitting, je leur propose une image de la conduite qui peut être apaisante :

Lorsqu'on a des enfants autour de soi on ne peut pas passer son temps à paniquer "est-ce qu'ils mettent les doigts dans les prises ? des cacahuètes dans le nez ? est-ce qu'ils sautent par la fenêtre ?...." Les surveiller n'empêche pas de lire, téléphoner, manger, faire la vaisselle... mais on a toujours un oeil bienveillant sur eux. Et même quand on ne les voit plus, qu'on ne les entend plus, c'est encore pire, on est encore plus aux aguets !

C'est cette attention qu'il faut avoir en voiture. Même si les autres usagers sont quelques fois des adultes (et même un peu c...) dans le rapport de forces entre usagers fragiles et conducteur(trice) d'un véhicule de plus d'une tonne, c'est à moi d'être attentive.

Ne pas négliger non plus l'effet vitesse : plus le regard est court et étroit, plus l'effet de défilement dans les yeux est important et fait peur ou fait penser qu'on roule vite. Donc travailler à élargir le champ de vision.

Voilà 2 pistes ; il en existe plein d'autres : observer l'élève et mettre en évidence "son ressort".

Merci . Je vais effectivement essayer les parallèles par rapport à son univers et travailler le regard qui est effectivement trop réduit et court . Bye .

Comdab : je rejoins lavienvert, surtout au sujet du "plaisir à conduire".
Effectivement les motivations "purement alimentaire" sont plus délicates à gérer, mais en essayant d'insuffler cette notion de "tant qu'à faire autant que j'essaye d'y trouver des sensations" peut permettre de débloçquer l'affaire.
Ensuite il y a les aspects techniques...

Le cas chez moi avec une dame d'une soixntaine d'année poussée par son conjoint. Très dure les 30/40 premières heures puis grosse détente avec le plaisir (de conduire je précise).

Mon élève la plus âgée avait 72 ans et avait besoin de conduire pour aller en radiothérapie (cancer). Elle était la cousine d'un ex trèèèèès grand champion de course automobile... C'était sa motivation à elle : vivre sa maladie dans l'intimité. Pour l'encourager son mari lui avait acheté une petite Mercédès automatique.
Une pensée émue pour vous, Annick.

Je pense que sa motivation est là même si pour l'instant elle semble un peu " figée" par les autres usagers . Donc à priori d'après vos expériences je devrais réussir à " ouvrir les fenêtres "
Merci les collègues .
A+

Ne surtout pas négliger l'impression de vitesse. La conduite commentée peut l'encourager à regarder plus loin, donc prévoir et anticiper

Prévoir = voir à l'avance
Anticiper = élaborer une action, une stratégie pour répondre à une situation réelle ou potentielle.

top . Question à Lavienvert : es tu BAFM ou en cours de le devenir ? J'ai cru lire cela sur d'autres sujets mais pas sûre ? Juste pour info, et si c'est le cas RESPECT ( car cette formation semble très difficile d'après les echos sur le centre où j'étais ) Seul le boss était BAFM . Salut et bonne journée à toi

Ben non je ne suis pô bafm... mais un jour je l'aurais ce diplôme, un jour je l'aurais

BAH OUI . ALORS GOOD LUCK , QUAND ON VEUT , ON PEUT COMME DIRAIT LE PROVERBE N'EST CE PAS

explique les indices utiles: chaussee large, etroite, propre ,seche ,deformee etc... rues encombrees ou pas, zones de non visibilite(zdp) , autres usagers(zdi),parles des intemperies,ou du beau tps , mets en pratique en choisissant des lieux differents pour faire reflechir sur l'allure: maxi ou pas?

Bonsoir,

j'ai eu une élève test la semaine dernière (formation BPK en cours)... grosse peur de la route (accident grave étant petite), permis par nécessité pareil, les autres sont dangereux tout ça...
Je lui ai expliqué que les dangers sont et seront toujours présents, mais que SA conduite à elle pouvait faire la différence.
En tournant cette peur des autres à son avantage : bien contrôler tout autour de soi régulièrement, anticiper les situations en adaptant son allure,...
en gros que bien conduire ce n'est pas se sortir d'une situation dangereuse mais c'est éviter d'y rentrer.
Bref j'ai tenté de lui dire qu'il fallait mettre cet apprentissage au service de la Sécurité Routière pour gérer au mieux les situations.
Le discours a eu l'air de la faire réfléchir.

Ce qui a soulevé une discussion avec les collègues... sera-t-on informé/formé à ce genre de situation? d'angoisses?
J'ai fait au mieux sur le moment pour la débloquer, je suis convaincu par ce que je lui ai raconté mais
je n'ai aucune espèce de notion de psychologie et ne sait pas l'impact que peut avoir un discours sur ce type d'élève.
Je ne voulais en aucun cas 1) la stigmatiser 2) paraitre moralisateur.

J'ai trouvé cette situation très intéressante néanmoins...

j'ai une élève actuellement qui a vécu un accident très violent y'a quelques années avec son ex copain et qui, miracle, n'a pas fait de blessés graves (le coup du lapin, et une belle trouille, mais le vh complètement hs)

sur ses 15 premières heures, moments de panique à répétition, elle bloquait le volant et appuyait à fond sur le frein et l'embrayage et pire... elle ne "m'entendait" pas quand je lui disais que c'est bon, tout va bien, qu'elle pouvait tout lacher, je m'occupe de tout...

puis séquence psycho sur 30 minutes, je lui ai parlé de la conduite : oui elle allait tomber sur des dingues du volant, qu'on allait lui couper la priorité régulièrement, qu'on allait la dépasser sans l'annoncer, violemment, puis se rabattre devant elle en queue de poisson, oui aussi qu'on allait la klaxonner, la coller pour lui mettre la pression, etc etc

puis je lui ai dis que la conduite pouvait être agréable, sécurisée, si et seulement si ELLE arrivait à percevoir, analyser, décider, agir sur les situations, donc ouvrir les yeux, chercher les infos, se demander où est le danger, comment le contourner ou l'éviter, et que faire, comment le faire...

une semaine, pas de nouvelles d'elle, leçon annulée...

elle revient, complètement transformée, avec une volonté en acier trempé, volontaire pour avancer, participer à sa conduite et ne plus être actrice, bref, un plaisir de l'avoir aujourd'hui en voiture...

+1 windierstar

Merci Nina.

Il est vrai que l'on nous parle de pédagogie mais pas de psychologie, ne serait-ce que de manière sommaire...
Mais bon je suppose que ce genre de situation fait partie du "package" et qu'il faudra bien faire avec