Tout le monde peut-il conduire?

Bonjour,

En vous lisant aujourd'hui, je remarque que vous avez quand même beaucoup de cas que vous jugez "difficile". Donc voilà ma question : Pensez-vous que tout le monde peut devenir un bon conducteur, que ce n'est qu'une question de temps ou de patience?

Autrement dit, avez-vous déjà eu des cas où vous avez dû expliquer à un élève qu'il n'y arriverait pas?

Personnellement, je vais bientôt commencer à donner cours et je m'interroge. J'ai réussi mes deux permis (voiture et moto) avec beaucoup de facilité et j'ai peur de ne pas savoir appréhender un élève qui a vraiment du mal...

Merci!

En 18 ans d'enseignement, j'ai rencontré quelques élèves pour qui la réponse est claire: non, ils ne sont pas capables de conduire.

En dehors des cas "médicaux" (IMC par exemple), ou des dyspraxiques (voir sujet ad-hoc), j'ai connu au moins 4 ou 5 élèves qui n'avaient pas la capacité à conduire une voiture parmi les autres, non pas tant sur le plan technique ou mécanique (avec le temps on y arrive) mais sur le plan "partage de la route": je me souviens d'un grand rêveur qui se mettait à admirer le paysage en oubliant la route, d'une élève paranoïaque, au sens psychiatrique du terme, incapable de gérer son stress (quand quelqu'un ne mettait pas son clignotant dans le rond-point elle avait envie de hurler, littéralement)...

Mais c'est difficile de dire à un élève "non, tu n'est pas capable de conduire"; le seul cas ou ça a été facile, c'est quand la mère d'un élève en très grande difficulté, par ailleurs étudiant brillant mais incapable de se concentrer, m'a dit que son propre père s'était tué en voiture, par distraction, en ayant raté un feu rouge; donc elle comprenait pour son fils, et elle préférait le voir prendre le bus...

déjà le cas une fois, une élève qui mécaniquement ne géré rien du tout, n'avais aucune conscience du danger, pas de regarde et j'en passe

après pas tous le monde peut être ingénieur, ou boulanger ou maçon etc... chacun a ses facilitées et ses lacunes donc rien de dramatique de pas pouvoir conduire

idem pacer.
il existe quelques personnes qui n'ont rien à faire avec un volant entre les mains.
Une très mauvaise perception de l'environnement, notamment mobile, un niveau de contrôle de soi faible (donc le contrôle du véhicule en pâtit) et voilà...toue l'expérience qu'il pourront avoir risque de n'être que négative et basée sur l'appréhension (pour ne pas dire "la peur").
Ceux-là, lorsqu'ils habitent en agglomération disposant de tansports en commun, pourront arrêter les frais.
Les autres...

"Tout le monde peut-il peut conduire" ? Parfois, des élèves me posent la question.

Je leur réponds que je ne serais jamais chimiste car je ne comprends rien à la chimie et que pour certains c'est pareil mais avec la conduite!

Beaucoup de gens veulent accéder à la conduite alors que la conduite, comme toute matière à l'école, comme tout métier, est un domaine cognitif qui n'est pas accessible à tous.

Idem que mes collègues !
En 14 ans d'enseignement, je me suis vue dire 2 ou 3 fois :"arrête tout".
Sans compter les élèves médicalement incapables... (dernière en date : décembre dernier. La petiote est une grande dépressive et complètement shootée par son traitement. Mais ça, c'est autre chose )

Le sujet m'intéresse ...

Nous avons une élève qui doit avoir dépassé les 70 heures de conduite et me décourage un peu. Là ça fait entre 12 et 15 heures que je l'ai, et je n'ai pas avancé d'un iota.

D'accord, la monitrice que j'ai remplacée ne foutait plus rien depuis des mois, d'accord je m'y prends sûrement mal sous certains aspects, mais ça n'explique pas tout.

Je ne peux même pas vous citer d'exemples précis car finalement rien ne va, rien n'est coordonné, elle ne retient rien, n'assimile rien ... Je dis ça sans me moquer ni me plaindre, mais vraiment je suis désabusé. Même en lui faisant une sorte de conduite co "fais ceci, fais cela", elle fait encore des erreurs désarmantes après 70h : elle freine du pied gauche, confond sa droite et sa gauche, fait des écarts de trajectoire énormes, je rabâche, je rabâche mais rien n'y fait. Au final, je passe une heure sur le qui-vive plutôt qu'à vraiment me consacrer à l'enseignement.

N'étant pas de nature autoritaire, je n'ai pas essayé de la "secouer" un peu, mais je doute que ça marche et puis, j'imagine que d'autres l'ont déjà fait.

Le pire de tout c'est que cette jeune fille est d'un milieu modeste, qu'elle n'a pas de boulot ; et même si c'est un organisme qui finance son permis, j'ai vraiment la sensation de lui dissimuler la vérité, bref de lui mentir. Que l'auto école se fait du blé facile dans son dos, aussi ... J'ai essayé d'en toucher un mot à mon boss (je suis le seul moniteur, lui reste au bureau le plus souvent et ne s'en occupe pas) mais il n'a pas relevé.

Il m'est impossible d'établir un programme valable, elle n'a pas les bases et comment revenir aux bases quand on a déjà donné près de 2500€ à l'auto école (somme encore plus colossale quand on l'écrit comme ça !). Elle ne me demande rien, ne semble pas plus soucieuse que ça, mais néanmoins cela commence à vraiment me gêner. Surtout quand elle me fait remarquer, assez naïvement, qu'elle connaît tel ou tel coin "par coeur" ...

Bref je ne suis pas contre la difficulté, au contraire j'aime assez ça, ça me pousse à me défoncer et c'est valorisant. Mais là, je suis à deux doigts de lui dire d'arrêter les frais, au risque de la vexer et de fâcher aussi mon patron ...

Bref, mon premier cas de conscience dans ma (très) jeune carrière

Solcarlus, j ai eu une élève comme ça, former par plusieurs moniteurs.
Quand je l ai récupéré, je me suis arrachée les cheveux.
La seule solution pour moi : tout reprendre à Zéro ....

J en ai parlé avec elle, elle était d accord pour tout reprendre du début ...

Elle s en ai finalement sortis, mais dur dur ....

Nous ne sommes, malgré tout, pas des médicament universels.
ON peut se lâcher sans retour.
On peut finir par "craquer" et se faire promener (j'ai quelques noms d'élèves en tête).
ET quand on pense que ce n'est plus possible ce n'est qu'après un nombre incalculable d'heures...il est déjà très tard pour le porte-monnaie.
Actuellement j'ai une lève qui en est à 80h. A déjà passé le permis, brillament échoué avec 8 points.
Plus je lui serre le kiki moins elle en fait. Son mari m'a demandé de la laisser faire pour qu'elle se prenne en main. Dernières leçons : 30 mn pour faire 12km parce qu'elle avait loupé la seule intersection de la route et pris une mauvaise direction et n'avait pas compris qu'elle auraut dû faire demi-tour ; un rangement en bataille en MA non terminé en 25mn.
J'ai bien l'impression que nous avons des limites...non?

effectivement, on-off, nous ne pratiquons pas la magie, certains n'arrivent pas à conduire, ils doivent arrêter et se remettre en question... ou l'inverse...
et puis, y'a ceux qui conduisent aussi, qui devraient arrêter car ils deviennent dangereux pour les autres (l'âge, certaines pathologies,...)
pas facile de renoncer à sa liberté de bouger, à l'aspect social de sa vie par le biais de la voiture, mais y'a un moment, faut se poser et se dire qu'il en va de la vie des autres si on commet l'erreur fatale...

pareil que mes collègues, nous ne sommes pas voyants sinon on leur dirait en combien d'heures et quel jour ils passeraient l'examen, nous ne sommes pas magiciens, on ne peut faire de miracle... Je pense que nous avons tous vécu, où allons tous vivre cette situation à un moment donné.

Et alors j'ai remarqué (peut être me trompe-je ) que le milieu géo où ils vivent (citadin ou rural) , le milieu social, leur capacités intellectuelles, influencent énormément sur leurs capacités à manipuler un véhicule au milieu d'autres.

En clair, j'ai vécu ce que vit Solcarlus, plusieurs fois, mais 2x où ce fut tout simplement IMPOSSIBLE d'obtenir le sésame. Ces 2 personnes, avaient des diplômes de dingues une situation sociale de dingue, hyper intelligentes et cultivées... mais voilà je pense qu'on ne peut être cérébral ET manuel , en toute sincérité j'aime bien mes élèves qui sont dans un CFA ou en apprentissage, ils sont généralement plus débrouillards..

A contrario, j'en ai un qui a tout bonnement aucune connectique au plafond, qui est sous tutelle, qui ne comprend rien à rien, et qui je le dis à mes collègues depuis le début que ce n'est que cause perdue, et je suis sûre que quand je reviendrai de mon congé parental, s'il a pas abandonné il y sera encore...

faut considérer aussi les prédispositions créées par les parents (éducation encourageante ou dégradante), un mec super intelligent et doué manuellement sera une quiche en voiture si ses parents l'ont éduqué dans le dénigrement, le rabaissement, la démotivation, etc...
ce qui veut dire que notre banquette arrière ne peut servir pour de la psychothérapie, nous n'en avons pas les compétences ni le droit...

tout a fait d'accord, pourtant indirectement on a quand même un rôle de psy vis à vis de nos élèves, et les parents en général n'aiment pas qu'on mette en cause l'éducation. Non seulement (je parle pour mon expérience seule) nos jeunes ne sont plus autonomes, débrouillards, polis! et surtout motivés!!!! mais ceci ne repose t-il pas sur les épaules de leurs parents ? on ne peut pas être enseignants, éducateurs et psy...

comme le dit maellys, les pires de mes élèves (et dans mon métier précédent ce fut pareil) étaient les plus instruits...

c'est comme ceux qui sont en filière scientifique, il faut tout le temps leur démontrer, leur dessiner ....

et encore...il y en a qui voudraient qu'on leur fasse une coup longitudinale de la voiture et de l'embrayage...

on-off70 a écrit:et encore...il y en a qui voudraient qu'on leur fasse une coup longitudinale de la voiture et de l'embrayage...

je trouve ça tellement rassurant de voire que n'importe où nous avons les même spécimens !!!!

les deux pires catégories que j'ai eu :
-polytechniciens (intellectuels et scientifiques de surcroit);
-les étudiant en art(s).

carrément !!!!!! 2000% d'accord!

on-off70 a écrit:les deux pires catégories que j'ai eu :
-polytechniciens (intellectuels et scientifiques de surcroit);
-les étudiant en art(s).

je peux rajouter en ce qui me concerne...
- ceux qui sont dans des grandes écoles de management ou de commerce
- ceux qui ont eu une scolarité en dent de scie et qui travaille très tôt (ça peut donner le meilleur comme le pire)
- les anciens consommateurs de cannabis ou alcool qui se sont repentis et veulent aller de l'avant... bon ! ça se discute...
je m'arrêterai là pour l'énumération des "catégories" d'apprenants, faut pas que je dérape...

on-off70 a écrit:les deux pires catégories que j'ai eu :
-polytechniciens (intellectuels et scientifiques de surcroit);
-les étudiant en art(s).

Pas mieux !

Méli-Mélo a écrit:

Solcarlus, j ai eu une élève comme ça, former par plusieurs moniteurs. Quand je l ai récupéré, je me suis arrachée les cheveux. La seule solution pour moi : tout reprendre à Zéro .... J en ai parlé avec elle, elle était d accord pour tout reprendre du début ... Elle s en ai finalement sortis, mais dur dur ....

Je l'ai eue cet après-midi et, coïncidence, elle m'a demandé combien d'heures environ lui seraient encore nécessaires. Elle a conscience de ses difficultés mais jamais elle ne m'avait posé la question (sûrement un problème d'argent qui commence à apparaître, l'organisme qui la finance a dû arrêter les frais ou va bientôt le faire).

Je lui ai répondu que je ne pouvais rien lui promettre, sinon que cela lui demanderait encore beaucoup de temps, de patience, de volonté et aussi d'argent... Que répondre d'autre ? je ne suis qu'employé, il n'est pas de ma responsabilité de lui dire qu'elle devrait abandonner l'idée.

Du coup sa question m'a permis d'aborder le sujet et j'ai fait comme toi, lui ai expliqué que nous devions reprendre certaines bases ... C'est parti pour une 69ème heure (j'ai recompté ) avec pour thème, le dosage du frein.

Je n'ai pas encore eu le cas de l'élève ingénieur ou de l'étudiant en beaux arts, mais j'ai presque hâte d'y être

on-off70 a écrit:les deux pires catégories que j'ai eu :
-polytechniciens (intellectuels et scientifiques de surcroit);
-les étudiant en art(s).

Moi ce sont:
- les étudiants en psycho
- ceux qui sont au moins en master (peu importe la filière)
- certains étudiants en droit

ah ben oui nina...j'avais oublié les imbibés de chichon...mais ceux-là, finalement c'est pas difficile : ils ont une mémoire de poisson rouge et une réactivité de grenouille morte.